Trucs & Astuces
29/01/2019

Un vélo, ça hiberne ou ça hiverne?

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Texte par Jonathan Chhun

Malgré l’hibernation de la majorité des vélos, un nombre grandissant de cyclistes bravent les moins 25 degrés, la slush et les déneigeuses. Par exemple, le groupe FaceBook Vélo d’hiver-Montréal compte 8920 membres. Il y en a d’ailleurs plusieurs chez CycloChrome. Voici donc un petit guide si vous désirez continuer à profiter des joies du vélo durant la grande noirceur hivernale.

Les conditions hivernales

Il faut réaliser que la majorité des routes et certaines pistes cyclables sont déneigées assez rapidement, ce qui fait qu’on peut rouler sur un asphalte assez dégagé la majorité du temps. Lors de grandes chutes de neige, peu importe le vélo, rouler dans 20cm de neige, avec des tas de neiges et de glace sur les rebords de la route, reste difficile. Même les fat bikes, qui sont des vélos à pneus de 4-5’’ de large, rouler dans la neige molle est ardu; ils sont conçus pour rouler sur la neige tapée. L’endroit de la ville où vous roulez le plus souvent guidera aussi votre choix de vélo et de pneu. Au centre-ville, il y a beaucoup moins de glaces et de neige vu le trafic. Loin du centre, la neige est plus abondante et reste plus longtemps au sol. Le vélo d’hiver reste plaisant, rapide, sécuritaire et accessible la majorité du temps. Lors de blizzard, personne ne vous blâmera de prendre le Métro!

Quel type de vélo utiliser?

Beaucoup choisiront un vélo pensé et utilisé l’hiver seulement, car la neige, le calcium et le froid sont sans pitié pour eux. Ceci dit, si une bonne préparation et un entretien régulier sont faits, le vélo restera en bon état.

Les vélos de type cyclocross, hybride, de touring ou un vieux vélo de montagne fera l’affaire. Il est important d’avoir de la place pour mettre des pneus à crampons d’une largeur minimum de 30mm (30c), en plus d’avoir du dégagement pour des garde-boues, où la neige peut s’accumuler. Un fat bike fera aussi l’affaire, quoiqu’il sera plus lent. Les vélos ayant donc des freins à disque, des freins cantileviers ou des V-brakes donnent souvent plus de dégagement aux pneus/garde-boue, contrairement aux vélos de route, qui ont des freins en U et peu ou pas de dégagement, en plus d’être souvent limités à 28mm de largeur de pneus. Certains vélos auront beaucoup de place malgré des freins en U. L’avantage est qu’ils sont moins exposés à la saleté que les autres types de freins.

Pour rouler l’hiver, une bonne lubrification du vélo est de mise, sinon certaines pièces rouillent rapidement et peuvent aussi se bloquer dans le vélo.

Photo : CycloChrome

Les bons pneus

Il y a 2 écoles de pensée; ceux qui optent pour des pneus plutôt minces, comme le classique Schwalbe CX Pro, en 700 par 30c, qui possède des crampons assez prononcés (mais pas de clous). Schwalbe fait aussi un pneu clouté en 700 par 30c. N’importe quel modèle de pneu à crampons autour de 30mm fera l’affaire. Un pneu mince coupera dans la neige épaisse, et le pneu sera en contact avec l’asphalte. Les pneus à clou sont pratiques et beaucoup plus sécuritaires lorsqu’il y a de glace, mais certains s’en passent, souvent parce qu’ils sont plutôt dispendieux (80$ chaque).

D’autres personnes opteront pour des pneus de montagne avec plus de crampons (où des clous), plus larges: 2’’ et plus. La surface de contact étant plus grande, la traction et l’équilibre peuvent être améliorés, mais il est difficile de couper dans la neige abondante, et on finit par rouler plutôt sur le dessus de la neige. Le principe est accentué avec un fat bike; il est beaucoup plus stable en général, surtout dans la neige mélangée de plaques de glaces non uniformes. Il reste plutôt lent dans la neige molle (qui colle aux pneus) et il n’y a pas de garde-boue complet existant pour les fat bikes. Il est aussi lent sur l’asphalte et les pneus cloutés, par exemple, sont très dispendieux (250$ chaque, pour un fat bike).

Il existe aussi depuis peu un format de pneus entre le fat bike et le vélo de montagne, le 27+, aussi nommé mid-fat, plus, ou 650B Plus. Ces pneus font 2,8’’ à 3” de large, et il existe maintenant des versions cloutés de ces pneus. j

Dans tous les cas, une très basse pression des pneus aidera à la conduite hivernale, car l’adhésion au sol est amélioré. N’hésitez pas à descendre au plus bas de la pression indiquée sur le pneu.

-Pour TOUT savoir sur les pneus à clous: https://www.peterwhitecycles.com/studdedtires.php

Photo : CycloChrome

Les garde-boues

Les garde-boues complets, qui épousent le pneu tout près, vous protègeront beaucoup mieux que les gardes boues qui se posent sur la tige de selle ou sur le tube inférieur du vélo. Le désavantage est qu’ils peuvent accumuler la neige et vous ralentir, voir vous arrêter. Il faut vérifier qu’il y a un dégagement du pneu d’environ 1 cm ou plus avec les garde-boues. Si vous manquez d’espace pour les gardes-boues, optez plutôt pour ceux qui se fixent loin du pneu.

Photo : CycloChrome

Les pédales plateformes versus les pédales automatiques (clipless)

Deux types de pédales s’offrent à vous; les plateformes, qui s’utilisent avec n’importe quel type de soulier, et les “clipless”(automatique), qui nécessitent un soulier ou une botte spécifique, qui se fixe mécaniquement sur la pédale. Si vous optez pour des plateformes, allez-y avec des pédales larges offrant beaucoup de picots (pins), qui augmentent l’adhérence avec le soulier. Les picots peuvent aussi être configurés pour plus d’adhérence. En hiver, on peut mettre des picots plus longs sur les pédales pour améliorer l’adhérence avec des grosses bottes d’hiver. Une pédale faite pour le vélo de montagne ou le BMX est idéale. L’avantage est de pouvoir utiliser les bottes que vous possédez déjà. Il est aussi beaucoup plus facile de débarquer du vélo rapidement en cas de chute.

Les pédales automatiques (clipless) sont plus ou moins adaptées à l’usage en ville, car on fera des arrêts et des commissions, et la glace va facilement se fixer sous les souliers et sur les pédales; le mécanisme fonctionnera alors difficilement. Si vous optez pour cette option, un modèle pour le vélo de montagne sera plus approprié, tel le système SPD de Shimano (évitez les pédales pour la route). Le gros avantage est une excellente adhérence et la possibilité de mettre des couvre-chaussures variés. Avec une botte normale, les couvre-chaussures ne fonctionnent pas vraiment; ils vont se déchirer au contact de la pédale plateforme. Il existe aussi des bottes d’hiver pour pédales automatiques, mais elles sont dispendieuses (250$ et plus). L’utilisation de ces pédales n’est pas sans risque, surtout si c’est la première fois qu’on les utilise (et s’il y a présence de glace). Pratiquez-vous et ajustez la tension au minimum pour être capable de vous dégager rapidement des pédales lors de pertes d’équilibre.

Photo : CycloChrome

Monovitesse

Les vélos ayant 1 seule vitesse (single speed) sont idéals pour l’hiver, car ils sont dépourvus de plusieurs pièces où la neige et la saleté s’accumulent. Le nettoyage et l’entretien sont aussi beaucoup plus simples. De plus, on use un minimum de pièces et on allège le vélo. Il est possible de convertir presque tout type de vélo en monovitesse avec un tendeur de chaîne (et un kit de pignon et espaceurs 1 vitesse) qui prend la place dérailleur arrière. Sur des vélos des années 80 et antérieurs, c’est souvent encore plus simple. Il faut aussi voir quel type de roue arrière vous avez; il faut avoir une roue avec une roue libre intégrée au moyeu pour poser un pignon monovitesse, ou un moyeu conçu pour cela. Le désavantage est qu’on doit trouver le juste milieu dans le choix de la vitesse (le ratio du plateau/pignon. Ex.: mon ratio; 38/17 dents). Vu le peu de dénivelé à Montréal, le monovitesse est un bon choix. Comme vous voyez, il y a plusieurs variables à changer pour le faire, demandez l’avis d’un mécanicien pour voir la faisabilité du projet.

Photo : CycloChrome

Autres considérations

Pour un maximum de contrôle dans la neige et la glace, qui nécessitent une grande attention et une bonne réactivité, le choix du guidon est important. Un guidon droit plutôt large vous aidera à garder le contrôle. Un guidon de vélo de montagne est idéal, et ils sont offerts en plusieurs hauteurs et largeurs. Les réflecteurs, maintenant obligatoires, gagneraient à être accompagnés de phares, pour augmentez la visibilité lors de tempêtes, et vue le peu d’heures d’ensoleillement. Une position plus relevée (le guidon à la même hauteur que la selle) vous aidera aussi à être plus réactif et agile.

Photo : CycloChrome

Vêtements

Pour affronter l’hiver, optez simplement pour plusieurs couches plus fines, et évitez le coton, qui est froid lorsque mouillé. La laine et les tissus synthétiques sont à prioriser. Pensez aussi que vous aurez plus chaud que si vous marchiez simplement. Les mains et les pieds étant les endroits où le froid nous saisit le plus rapidement, pensez à investir dans de bonnes bottes imperméables et de bons gants. Les gants à 3 doigts de type ‘’homard’’ sont bien, et certains iront même jusqu’à mettre des protections fixées sur le guidon; des ‘’pogies’’ (la compagnie Bar Mitts en fait des relativement abordables). Les bons couturiers sauront aussi en faire eux-mêmes!

Photo : CycloChrome

Bon hiver à tous.